La lagune de Venise (2/4), Murano.
Lundi 5 mai.
La partie 1/4 de ce voyage est ici : http://voiesdeau.canalblog.com/archives/2014/05/12/29856328.html
Aujourd'hui au programme, Murano ce matin puis une première visite à Venise cette après midi, en vaporetto bien sûr. Depuis Burano pour nous rendre à Murano, rien de plus simple, ligne n° 12, trois stations, comme dans le métro parisien ! La lumière du matin dans le chenal fait que le ciel et l'eau se confondent, tout juste séparés par le trait rose des maisons d'où dépassent quelques clochers.
Ce matin au réveil je suis allé chercher du pain frais pour le petit déjeuner. J'étais en fait un des seuls touristes dans les rues, sans doute le seul parmi des gens qui marchaient rapidement pour prendre leur vaporetto et aller travailler ou au contraire des commerçants débarquant du bateau en poussant un diable chargé de matériel pour leur boutique.
L'île était encore quasi déserte, quelques commerces commençaient à ouvrir dont le boulanger, les résidents ouvraient leurs volets et en se saluant. J'eus l'étrange sensation d'être un peu un intrus dans ce monde qui n'avait pas encore ouvert ses portes au tourisme, d'être en quelque sorte, hors horaire, comme un voyeur observant l'intimité de cette île.
Murano.
L'île de Murano est célèbre pour ses verreries artisanales. On dit que les verriers de Venise ont été délocalisés sur cette île afin de limiter les risques d'incendie dans Venise elle-même. On peut ici admirer des réalisations extraordinaires, les plus impressionnantes étant sans doute les lustres.
Il est possible de visiter des ateliers de verrerie, dans certaines rues vous êtes directement invités à assister à la fabrication des produits qui seront vendus dans la boutique attenante. Il vous en coûtera 2 ou 3 euros, cela vaut largement la peine d'y dépenser un petit quart d'heure.
L'île est grossièrement coupée en deux par un canal aussi large que le grand canal de Venise, mis à part qu'il n'y a pas de gondoles, l'activité nautique y est aussi importante. Je réalise qu'ici, comme à Burano et sans doute Venise que nous n'avons pas encore vue, toutes les marchandises sont transportées par bateau.
Pour moi qui suis un amoureux et un habitué des îles, le transport des marchandises par bateau est une évidence puis la distribution par camionnettes. Mais ici, les bateaux viennent jusqu'au pied de la maison du destinataire !
Cela change tout. Cela génère un bouillonnement de circulation, chargement, déchargement, de manœuvres, et tout cela dans un calme relatif, pas de klaxon comme dans la circulation automobile, pas de disputes, nous sommes dans une petite communauté où tout le monde se connaît et se salue.
Alors les transporteurs ont des barges à peu près toutes de la même taille, environ 15 à 18 mètres, pas trop larges de sortes à se faufiler un peu partout. Même DHL a ses bateaux aux couleurs de la compagnie, jaunes avec des lettres rouges !
Tout arrive par bateau mais aussi tout part en utilisant les mêmes bateaux. Voici sur le quai de Murano, une importante expédition d'un artisan local.
De nombreux restaurants sont installés sur le quai du canal, nous en choisissons un qui dispose d'un jardin au calme sur l'arrière, bon choix, le repas était agréable et le service efficace.
Repas pris il est temps de partir pour Venise, toujours en vaporetto. Je ne vous ai pas encore parlé des vaporettos. Véritables bus de la lagune, ils sillonnent ce vaste espace aquatique avec 22 lignes. Ici pas d'embouteillages, il sont ponctuels et plutôt rapides !
Les arrêts sont brefs, les accostages précis, parfois (souvent) brutaux, maintien à quai au moteur avec une seule amarre, débarquement et embarquements express sous la pression de l'homme d'équipage. On s'habitue rapidement à la complexité du réseau et il devient vite facile de circuler d'île en île ou même dans et autour de Venise.
Venise.
Nous arrivons à Venise, Ft Nove (ci dessus). Cette station regroupe à peu près tous les bateaux qui arrivent des îles. Grosse activité, nous sommes un peu perdus et partons au hasard vers le centre.
Mon Dieu que c'est sale et mal entretenu !
A la question, "alors ta première impression ?" J'ai répondu sans hésiter, "un poil pire que je ne l'imaginais". Ne croyez pas que j'ai dit cela par snobisme, histoire de mépriser ce qui est considéré comme l'une des plus belles villes du monde, non, simplement la foule et la crasse, juste après la terrible épreuve des boutiques de Murano, cela m'a un peu défrisé. Surtout que je suis plutôt balade en bateau que visite de musées ...
Et puis lentement le charme opère, cette ville sans voiture, sans vélo, où l'eau est omniprésente vous transporte dans une autre époque. En faisant abstraction du bruit des moteurs de bateaux, on pourrait se croire plusieurs siècles en arrière.
Nous arrivons à pieds jusqu'au fameux pont "Rialto" et au grand canal. Grande pagaille ! C'est inimaginable comment cet entrelacement de vaporettos, bateaux de transport et gondoles, sans compter les taxis et bateaux privés, arrive à circuler sans heurt ni coup de klaxon ! Nous comprenons pourquoi ce canal nous est interdit avec notre "houseboat" conduit par des pilotes non expérimentés.
Cela fait une bonne heure que nous marchons un peu au hasard dans les ruelles de Venise, nous décidons de reprendre le vaporetto pour aller vers la place Saint Marc. Cela nous permet d'admirer sans effort les façades du grand canal dans toute sa partie sud. C'est d'ailleurs la seule façon de voir ces façades car il n'y a pas toujours de quai le long du grand canal. Chaque demeure dispose de sa porte donnant sur l'eau et de son ponton privé.
Les palais défilent, certains bien sales mais quand même je dois reconnaître qu'ici la plupart sont bien entretenus, c'est l'endroit des belles demeures et des Palaces.
Nous passons devant la basilique Santa Maria della Salute que nous reverrons plus tard pour atteindre la station San Marco.
Et là surprise surprise, un gigantesque bateau de croisière pointe sa proue depuis le canal della Guidecca !
Cette intrusion choque bien sûr et a été beaucoup critiquée. Il faut quand même remettre les choses à leur place. Un "Pilote" du port de Venise est à bord et dirige les opérations, le bateau est tiré à l'avant par un pousseur et retenu à l'arrière par un autre pousseur. Ce dernier est en fait tiré par l'arrière de sorte à pouvoir développer sa pleine puissance (en marche avant) s'il faut stopper le géant. Les deux pousseurs aident le paquebot à tourner dans la boucle du canal, le convoi passe lentement sans faire de bruit.
Bien entendu le bateau de croisière ne stationne pas, il repart au large, je ne sais où. Sans doute débarque-t-il ses passagers à l'aide de barcasses afin qu'ils puissent venir dépenser leurs économies dans les boutiques de Venise. Moi, franchement, je ne vois pas ce que cela dérange ni en quoi ces bateaux gênent dans la mesure où il n'y en a pas un toutes les heures. C'est même un peu une attraction que de les regarder passer, il y a un côté décalé à voir ces gigantesques HLM flottants déboucher entre deux palais vieux de 500 ans.
Sincèrement ils ne sont pas plus laids que les bacs qui font sans cesse la navette avec Lido et se croisent exactement au même endroit.
Nous débarquons à la station Saint Marc, la zone des embarcadères affiche une belle pagaille. Ici la foule se fait plus dense, nous sommes dans un des hauts lieux du tourisme vénitien.
Nous y trouvons tous les symboles archi-connus de cet endroit, le fameux carillon, les pigeons mais aussi, mis à part le palais des Doges, des bâtiments plutôt sales tout autour de la place !
Jugez vous même sur cette vue Google...
Il est trop tard pour visiter la basilique, un petit tour de la place et il est temps de reprendre le bateau pour retourner au calme sur Burano. Le quai est garni de vendeurs de souvenirs de Venise made in China.
En bateau il faut faire tout le tour de Venise pour atteindre notre correspondance avec la ligne 12 qui dessert les îles de Murano et Burano.
Beaucoup de personnes avec qui nous avons discuté, depuis Venise ont été visiter Murano mais pas Burano qui est plus loin. C'est réellement dommage car Burano est sans doute l'endroit le plus sympathique et reposant de la lagune. Avis aux amateurs !..
PhB